“Combien de fois n’avons-nous rien vu de ce qui se tramait de vivant dans un lieu ? Probablement chaque jour, c’est notre héritage culturel, notre socialisation qui nous a fait ainsi « Avec ce livre, le philosophe et naturaliste Baptiste Morizot nous invite à reconsidérer notre vision du monde. L’humain a en effet, décidé que les 10 Millions d’espèces, qui sont nos parentes, constituent ce que l’on a appelé « la nature ». Soit un décor, un espace où l’on peut extraire des ressources… Une séparation avec ces espèces qui, pourtant, fait partie de notre histoire (puisque nous avons co-évolué avec ces dernières) et qui crée les conditions d’habitabilité de notre planète. Mais nous ne les voyons plus.
« La crise écologique est d’abord une crise de nos relations productives aux milieux vivants (…). Mais c’est aussi une crise de nos relations collectives et existentielles, de nos branchements et de nos affiliations aux vivants”.
Baptiste Morizot
Ce que l’on retient :
- Pour Baptiste Morizot, la crise écologique est une crise de notre relation avec les autres vivants. Autrement dit : une crise de la sensibilité. Soit le fait, que nous ayons perdu la capacité à percevoir, à comprendre les autres vivants et donc à tisser des interactions avec ces derniers. Nous considérons par exemple, un soir à la campagne comme un moment de tranquillité, de solitude, “un silence reposant”… Or comme le dit Baptiste Morizot, nous ne nous rendons pas compte combien une prairie à la campagne est un lieu hautement “géopolitique, multispécifique” oiseaux et insectes chantent, échangent des messages de mille formes, négocient, interagissent…”. Différentes manières d’être vivant toutes à la fois riches, complexes et variées…
- Nous sommes tous, le produit de coévolutions. Toutes les formes de vies qui partagent un espace de vie coévoluent ensemble et partage des interactions complexes et riches. Et l’espèce humaine ne peut y échapper. Or, le mythe moderne a voulu nous auto-extraire de ces interactions…
- Pour Baptiste Morizot, il convient de “sortir du huis clos”, de l’isolation dans lequel l’humain s’est placé : une fois le vivant réduit à l’état de chose inerte, Homo sapiens s’est retrouvé seul sur la planète. Mais ce faisant, nous nous sommes trompés sur ce qui rend la planète habitable. Ce ne sont pas les infrastructures humaines, mais ce sont, entre autres, les végétaux, les pollinisateurs, les vers de terre…
- Faire en sorte de comprendre les diverses manières d’être vivants de ces autres de vie nous soient accessibles. C’est aussi une manière de communiquer, de “négocier” avec ces derniers. Le vivant est régi par des communications très précises et riches. Il s’agit donc de les comprendre et par ce biais, de retrouver des attitudes qui ont davantage de justesse à l’égard du vivant : ce que Baptiste Morizot appelle les « égards ajustés ».
Pourquoi le lire ?
- Dans ce livre, Baptiste Morizot nous propose un cheminement (qu’il avait notamment entamé avec le livre Sur la Piste animale) qui nous permettrait de partager la terre avec des espèces qui nous sont parentes (car nous avons coévolué ensemble), mais qui nous sont différentes. Il nous invite à penser cette ascendance commune et cette différence prodigieuse avec ces êtres qui ont un autre corps, qui vivent différemment et constituent “une autre manière d’être vivant”.
« Manières d’être vivant » contribue à ce qui, pour Baptiste Morizot constitue un enjeu primordial : donner forme à une nouvelle culture du vivant. Une culture du vivant pour transformer notre façon de cohabiter avec ces “dix millions de manières d’être vivant” - Des loups, aux éponges marines, en passant par les oiseaux migrateurs, Baptiste Morizot mêle une nouvelle fois, récits de terrains et réflexion philosophique, cherche à nous faire ressentir le fait que nous partageons une ascendance commune avec le reste du vivant. Comme expliqué sur France Culture :
« Manières d’être vivant » est une formule qui a vocation à faire sentir ce paradoxe fondateur de partage d’ascendance commune. Nous le savons, mais nous ne le ressentons pas. […] Une fleur est littéralement un parent et simultanément elle peut être un Alien. Le grand enjeu est de pouvoir penser cette ascendance commune, ce partage et cette différence prodigieuse.”.
« Manières d’être vivant ». Un livre de Baptiste Morizot, publié en 2020 aux éditions Actes Sud – Collection Mondes sauvages