Connaissez-vous BioLit ? L’objectif de cette campagne est d’observer des espèces présentes sur le bord de mer… Et de les prendre en photo. Ces données permettent d’étudier la biodiversité du littoral et les évolutions de l’état de l’écosystème côtier.. Nous avons échangé avec Marine Jacquin, qui pilote ce projet à Planète Mer.

Bonjour Marine, le littoral, lieu de rencontre entre les écosystèmes marins et terrestre, abrite une riche biodiversité… Pouvez-vous nous présenter les particularités de celui-ci ?
Le littoral est le lieu de rencontre entre la Terre et la Mer et le définir n’est pas simple. En écologie, on le désigne comme étant un « écotone ». C’est-à-dire une zone de transition entre l’écosystème terrestre et l’écosystème marin… Tout en soulignant la diversité de la faune et flore que l’on y trouve et la fragilité de ses richesses biologiques. Pour les géographes, le littoral correspond à la zone d’influence de la Mer sur la Terre mais également de la Terre sur la Mer… Au niveau juridique, le littoral n’a pas de définition consacrée. Mais il correspond à un espace juridiquement intéressant avec l’application de tous les droits. Les biologistes définissent plusieurs étages (ou plusieurs zones) successifs sur le littoral. Et cela, en fonction des différentes conditions de vie déterminant la répartition des organismes vivants sur le littoral. Quelles que soient la morphologie et la nature de la côte, on retrouve de manière théorique 5 étages littoraux. Sur le terrain, il est parfois difficile de bien les discerner.

Le littoral : lieu de rencontre entre la Terre et la Mer…

En partant de la Terre vers la Mer, on rencontre :
– L’étage halophile est entièrement continental, mais influencé par les embruns. Les embruns sont des courants d’air chargés de gouttelettes d’eau salée qui apportent donc « sels » et « humidité ». Des plantes à fleurs, adaptées à ces contraintes peuplent cet espace. La présence de vent, généralement important sur le littoral, peut façonner la végétation, orientée alors dans le sens de celui-ci.
– L’étage ad-littoral correspond au dernier étage continental. Les conditions plus extrêmes (c’est-à-dire avec de plus fortes variations des paramètres physico-chimiques) ne permettent l’installation que de quelques espèces, tels que les lichens ou la salicorne,
– l’étage supra-littoral est le premier étage marin. Il n’est jamais immergé, même à marée haute, mais reste cependant fortement humidifié par les embruns. L’importance de cet étage dépend fortement de la force des vagues. Plus elles sont nombreuses et puissantes, plus l’étage est étendu. On y retrouve des lichens, mais également des cyanobactéries que broutent des petits mollusques marins appelés « littorines », des crustacés…

« Des espèces à forte capacité d’adaptation »

– L’étage médio-littoral est submergé à chaque marée haute et découvert lors des marées basses. Cet étage est soumis à la contrainte des vagues et des marées. Des organismes plus polyvalents qui supportent des périodes prolongées d’immersion et de sécheresse peuple cet espace. On parle alors d’espèces résistantes, à forte capacité d’adaptation, mais aussi d’espèces compétitrices. De façon générale, la limite de cet étage est sous l’influence de facteurs physico-chimiques. Tandis que la limite inférieure est contrainte par des facteurs de compétition pour l’espace entre les espèces.
– L’étage infra-littoral qui reste totalement immergé, même à marée basse. La limite inférieure de cet étage correspond à la limite de pénétration de la lumière, et de la capacité des espèces à réaliser la photosynthèse (entre 30 et 40 mètres de profondeur).
Dans le cadre de BioLit, nous nous intéressons essentiellement aux étages supra-littoral, médio-littoral et infra-littoral.

L’estran rocheux, une zone qui regorge de biodiversité

Sur l’estran (la zone comprise entre les plus basses et les plus hautes marées), il est possible d’observer une grande variété d’espèces aux modes de vie différents… Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?

En Atlantique, l’estran rocheux regorge de biodiversité. C’est un fabuleux garde-manger pour certaines espèces d’oiseaux et un lieu de vie pour beaucoup d’espèces de mollusques. On peut observer des espèces différentes. Cela dépend de son exposition aux vagues (mode que l’on dit battu) ou non (on parle alors de mode « abrité ») :
– Mode « battu » : les organismes filtreurs sont prédominants : moules, balanes, pouce pieds… Mais aussi étoiles de mer et le bigorneau « perceur » (qui est un prédateur de moules). Un oiseau affectionne ce milieu : le bécasseau violet. Les algues se font plus rares car l’agitation de l’eau est trop importante.
– Mode « abrité » : le couvert végétal est prédominant. Les algues brunes et rouges, les mollusques et quelques crustacés qui viennent s’abriter sous ce couvert et s’en nourrissent. Deux oiseaux arpentent cette face de l’estran : le tournepierre à collier et l’huîtrier-pie.

Un programme de sciences participatives pour observer la biodiversité du littoral

Avec Planète Mer, vous lancez justement l’opération BioLit un programme de sciences participatives pour observer la biodiversité littorale. Quel est son objectif ?
L’objectif de la campagne est de réaliser des observations sous la forme de photos des espèces présentes sur le bord de mer. Celles-ci sont à envoyer sur biolit.fr et vont constituer un inventaire de la biodiversité du littoral. Nous nous intéressons aux espèces rares ou communes, aux espèces vivantes ou échouées, tout peut servir !

Qui peut participer ? Et comment ? 
C’est simple, ludique et gratuit ! Tout le monde peut observer les petits coquillages ou autres mollusques rencontrés sur la plage, les photographier avec son smartphone. Il suffit ensuite de partager ses photos sur biolit.fr.

Mettez-vous des ressources et un accompagnement à destination des participants ? 
Oui, bien sûr ! Afin d’en apprendre davantage sur les espèces rencontrées et sur leur vie quotidienne, BioLit met son espace ressources à votre disposition ! Sur toutes les côtes françaises, 70 relais locaux proposent régulièrement des sorties découverte BioLit sur le littoral. Celles-ci sont animées par des spécialistes de l’éducation à l’environnement. II est possible de découvrir chaque mois sur biolit.fr, l’Agenda des sorties organisées.

A qui serviront les données récoltées ?
Compilées, vos observations vont constituer un inventaire de la biodiversité littorale qui viendront s’ajouter aux 120 000 données déjà collectées et aux 550 espèces du bord de mer déjà identifiées dans BioLit.
Grâce à vos données, les scientifiques partenaires, comme le Muséum national d’histoire naturelle, pourront étudier les évolutions de l’état de l’écosystème côtier et mieux comprendre les impacts du changement climatique.