C’est un mammifère, le plus gros représentant de la famille des mustélidés (la famille des belettes, fouines et autres loutres) en France… Un animal nocturne et discret, utile à son écosystème. Il est ce que l’on peut appeler une espèce ingénieur (notamment par ses terriers qui bénéficient à d’autres espèces). Pourtant en France, le blaireau fait, chaque l’objet d’une chasse cruelle : la vénerie sous terre. L’ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages a l’origine d’une pétition sur le site du Sénat) a bien voulu répondre à nos questions.
Parlons un peu du blaireau pour commencer. Celui-ci est présent dans une grande partie de l’Europe et en France sur tout le territoire français (métropolitain). Pouvez-vous nous présenter ce mustélidé qui vivent en clans familiaux ?
ASPAS : Le blaireau est un animal sociable mais plutôt discret. Comme beaucoup d’animaux sauvages inquiétés par la chasse, il préfère s’activer la nuit. C’est le plus grand des mustélidés présents en France et son régime est plutôt omnivore. Il peut se régaler autant de vers de terre que de fraises des bois ou de petits rongeurs. Sa vue est moyenne, mais son ouïe est très fine. Et surtout il a un excellent sens de l’odorat (plus de 800 fois plus puissant que l’humain !).
« Les blaireaux passent la plupart de leur temps sous terre, ou à proximité immédiate de leurs terriers qui sont parfois énormes. »
Les terriers de ces derniers sont particulièrement remarquables… Tant par leur longévité que pour leur utilité pour d’autres espèces : pouvez-vous nous l’expliquer ?
Quand ils ne se nourrissent pas, les blaireaux passent la plupart de leur temps sous terre, ou à proximité immédiate de leurs terriers. Ceux-ci sont parfois énormes (certains atteindraient 2000 m2 – NDR), avec des dizaines d’entrées ! En formidables terrassiers, les blaireaux ne cessent de transformer, d’agrandir, d’aménager leur habitat souterrain. Ils peuvent aussi utiliser plusieurs terriers différents, en utiliser un comme nurserie pour leurs petits par exemple… Ou en abandonner un totalement pour le retrouver l’année suivante.
De nombreuses autres espèces peuvent profiter de ces ingénieuses constructions : renards, chats forestiers, amphibiens, reptiles, chauve-souris… Et même potentiellement des loutres si le terrier est proche d’une rivière !
« Les dégâts sont à relativiser »
Que reproche-t-on donc au blaireau ? Et est-ce vraiment justifié ?
Selon les régions, on va reprocher aux blaireaux de faire des dégâts dans les cultures… Mais aussi de transmettre la tuberculose bovine… ou même de provoquer des accidents quand ils traversent les routes !
Concernant les dégâts aux cultures que commettent les blaireaux, peu sont rarement chiffrés. Et quand c’est le cas, on a tendance à les éxagérer. On confond ces dégâts, avec ceux,beaucoup plus nombreux, des sangliers. Pour empêcher les dégâts, des solutions de protection efficaces des cultures existent. Les dégâts éventuels des blaireaux sont à relativiser avec ceux, réels, provoqués sur la faune par les déterreurs.
Quant à la tuberculose bovine, il s’agit d’une maladie d’origine agricole, transmise à beaucoup d’animaux sauvages dont les blaireaux qui peuvent ensuite devenir un réservoir. Depuis 2001, la France est considérée comme « officiellement indemne de tuberculose bovine » par l’Union européenne, malgré la persistance chaque année d’une centaine de foyers en élevage.
De nombreux pays européens protègent les blaireaux. Pourquoi cela n’est pas le cas en France ?
En France, le poids du lobby de la chasse empêche malheureusement quelconque réforme ambitieuse au profit de la faune sauvage… On se réjouit toutefois que la question du bien-être animal soit de plus en plus présente dans le débat public… Et que les Français sont de plus en plus sensibles à l’existence de chasses récréatives cruelles et injustifiées, comme le déterrage.
« Chaque année, on estime que les chasseurs pratiquant la vénerie sous terre tuent 12 000 blaireaux directement au terrier… »
Le blaireau est donc considéré comme une espèce gibier. On le chasse selon une « pratique appelée la vénerie sous terre. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette cruelle tradition (que subissent les renards par ailleurs) ?
Chaque année, on estime que les chasseurs pratiquant la vénerie sous terre tuent 12 000 blaireaux directement au terrier. Acculés et mordus par des petits chiens introduits dans une entrée de terrier, les blaireaux subissent pendant des heures terreur et stress intense. Pendant ce temps, les chasseurs munis de pelles et de pioches creusent jusqu’à les atteindre. On les extirpe ensuite brutalement avec une grande pince métallique. Puis on les exécute avec une arme à feu ou une arme blanche.
Comment peut-on agir pour protéger les blaireaux ?
En signant la pétition lancée sur le site du Sénat. En participant localement aux consultations publiques organisées chaque année dans chaque département, au moment où les préfets publient des projets d’arrêtés. Et en rejoignant une association de protection de la nature comme l’ASPAS … Plus nous serons nombreux, plus nous pourrons peser dans la balance pour obtenir des avancées législatives.